mardi 28 avril 2009

88 m/h

Troisième titre abordé ici dans le cadre du "devoir de mémoire de La Fan Club". Dans la filmographie de Walter Hill, il éxiste plusieurs titres réunissant les symptômes du film qu'il faut défendre parce que oublié ou volontairement exclus. Extrêmes Préjudices et Supernova pour commencer. Le premier est vraiment culte, comme beaucoup de nanars 80's. Le deuxième est tellement mauvais qu'il n'y a pas son nom au générique, mais l'habituelle couverture Alan Smithee. Il ne reste que Le Dernier Recours.

Si l'on regarde de manière transversale l'oeuvre du bonhomme, on peut en venir à la conclusion que Hill se serait bien vu en nouveau Peckinpah, citant son idole largement dans nombre de ses films. Sans Retour, Extrêmes Préjudices, 48h de plus, Geronimo et Le Dernier Recours en sont d'excellents exemples. Histoires d'hommes, de paroles sacrées, de liberté et de femmes. Il y a tout ça dans Le Dernier Recours...et un petit peu plus.





Pendant la prohibition, John Smith arrive à Jericho, petite ville plantée au milieu du désert, non loin de la frontière méxicaine. Jericho pourrait être la ville que braque au début de La Horde Sauvage, Bishop et ses gars. Mais 20 ans plus tard, plus de banque ni de dollars dans ce misérable bout de terrain balayé par les vents secs du désert. Ce lieu est le terrain d'une guerre sournoise. Pour contrôlée le marché de l'alcool à Chicago, italiens et irlandais se déchire Jericho et ses contrebandiers passant le whisky depuis le Mexique. John Smith, solitaire et professionnel, mangera à tous les rateliers et finira par bouffer les deux familles de l'intérieur. John ne défend aucune cause et ne croit plus en rien. Ce héros à la Léone/Carpenter est donc bien plus dangereux que ses adversaires.

L'univers crépusculaire de Peckinpah est réanimé par Hill. Tous les personnages sont issus de la mythologie du Western, Hill refusant tout modernisme dans la narration et la mise en scène. Et si, à la lecture du pitch, vous pensez avoir déjà vu ce film ailleurs, c'est normal. Dernier Recours est une nouvelle adaptation du Garde du Corps (Yojimbo) de Kurosawa, que Léone avait lui aussi adapté dans Pour une Poignée de Dollars. Le sujet va comme un gant à Hill, qui peut revenir au minimalisme de ses meilleurs films. L'idée de transposer le scénario à l'époque de la prohibition aide aussi le spectateur à ne pas voir le film comme un simple remake. Un héros, des sales gueules pleines de charisme et de l'action brutale.
Comme dans les films de genre réussis, les seconds rôles sont tous réussis, des lâches italiens tireurs dans le dos aux irlandais têtus et ultra-violents. La direction artistique du film est irreprochable, notament dans la séquence méxicaine. Pour le reste, c'est costume classes et double 45 et Thompson énervée.

Ce film offre un court face à face entre Bruce Willis et Christopher Walken. Willis y sera pour la dernière (bonne) fois ce héros blasé increvable. Walken cabotine parfaitement en tueur à gage irlandais hanté à l'idée de mourir au milieu de ploucs du Texas.
Walter Hill ne fera plus de bon film, sa santé se dégradera, mais il est un peu le Last Man Standing (titre en VO) d'une époque, d'une idée de cinéma. Un bon faiseur de pellicule burnée. Il ne sera jamais Peckinpah, mais quand il partira, il emènera avec lui un savoir faire que nos enfants n'environt pas à Brett Ratner et consorts.


Fan Club Approved




Sonny

9 commentaires:

Panda Mystic a dit…

Je sais que vous êtes la fanclub et que l'orthographe vous vous en battez comme du dernier dragon ball au ciné mais je me pose la question, n'écrit-on pas "approved" au lieu de "approuved"...???

Anonyme a dit…

demande à smart ass si il s'en bat de l'orthographe. correction effectuée cher ami.

Sonny

Mazz a dit…

Moi je me les enfile tes fautes !
Ouais sinon post rigoureux pour ce bon vieux Walter, qui n'est plus trop là mais pas bien loin dans nos coeurs quand même.
Film à voir ne serait-ce que pour l'utilisation exceptionnelle des Colt 1911 cal.45 dans bon nombre de bonhomme.
Et pour la musique aussi !

Mazz a dit…

Musique de Ry Cooder, pardon d'avoir omis son nom.

Anonyme a dit…

Walter il a un prénom de gun donc voilà quoi.

J.

Charcuterie du 7ème a dit…

dernier recours, putain je m'en souviens... je crois même que c'est la dernière k7 que j'ai loué avant que mon vidéoclub ferme... bourrin et sans concession

Arnaud BETEND a dit…

... Et pour pousser le bouchon un peu plus loin: les trois œuvres citées (Kurosawa, Leone, Hill), se réfèrent dans les grandes largeurs à un monument du roman noir américain: « La moisson rouge » (Red Harvest), de Dashiel Hammett, auteur considéré comme le fondateur du genre. Rien que ça. (Il a aussi écrit « le Faucon maltais », entre autres....)
Le livre, qui date de 1929, pose les bases de cette histoire plusieurs fois reprise au ciné : un mec (ici un détective) arrive dans une ville dont le pouvoir est partagé entre différents partis (ici un magnat et une bande de mafieux). Il s’engage à faire le ménage, en montant les différents protagonistes les uns contre les autres, passant d’un bord à l’autre sans vergogne, au milieu des fusillades qu’il déclenche…
C’est assez amoral, l’écriture est putain de nerveuse et efficace : les relations entre les personnages, habilement construites, fournissent une intrigue intelligente, bien ancrée dans son époque, et qui donne lieu à pas mal de gunfights (On s’étonne que ça ait inspiré des réalisateurs…)
Marrant : c’est seulement à la fin du livre que j’ai réalisé que le nom du "héros" reste inconnu, l’histoire étant racontée à la première personne… (Préfiguration du cow-boy sans nom de Leone ?). L’été arrive, si vous ne savez pas quoi lire sur la plage : 3€ de bonheur chez votre bouquiniste.

Anonyme a dit…

Bien joué pour cette digression maline Arnaud B. La Fan Club aimerait que tu intervienne plus souvent.

Sonny

THE HUNTER a dit…

ben voilà ce film ok !
une pierre angulaire s'il en est du film de genre, si en plus arnaud b. vient arroser tout cela de chantilly cinématographique et bien je dis chapeau bas moi !

THE HUNTER