jeudi 19 février 2009

Un jour comme un lion




Que sait-on vraiment de Mickey Rourke? Qu'il était programmé pour être le nouveau James Dean, la relève de Brando, l'acteur sulfureux capable de tout jouer. Il aurait pû devenir le De Niro de Cimino. Il fut une star des années 80, une belle gueule de poster pour midinettes en fleur. Les rôles mythiques se succèdèrent rapidement, de Rumble Fish à Year of the Dragon, Barfly, Angel Heart, 9 semaines et 1/2. Rourke devenait bankable, jouait pour les plus grands, refusait des projets destinés au seuls pensionnaires de la "A list" hollywoodienne. Il partage avec Brando une caractéristique. Il est incontrôlable. Lassé d'être le bel étalon de service, il enchaînera mauvais choix artistiques et personnels pour détruire à coup de masse l'image d'hidalgo qui lui colle auxbasques. On peut dire que le début de son agonie commence avec Marlboro Man et l'Homme aux santiags (déjà le titre VF en impose), aux côtés d'un Don Johnson qui lui ne pourra jamais se défaire de Sonny Crockett. Mauvais films, dillétante dans son jeu, retour à la boxe en semi-pro, Rourke prend tout le monde à l'envers, se grille avec tous les studios et ne tourne que dans des films de secondes zones (bon, Mazz et moi-même adorons Double Team, mais c'est pas exactement pour de bonnes raisons). Qu'est-il passé par la tête de cet acteur génial, instinctif et surtout doué, comme peu le sont. Las, on se repasse ses classiques des années 80, où son Harry Angel (Angel Heart) mélancolique nous mit une grosse claque, où son Stanley White raciste et vindicatif marquera les personnages de flics borderline. Comment l'interprète de Barfly en est arrivé là? Son Barfly/Buckowsky, d'ailleurs, ressemble à s'y méprendre à ce qu'ambitionne d'être Rourke, à l'extrême. Une baderne alcoolisée dépressive au bout du rouleau. On ne sait pas trop s'il décide de se refaire une santé artistique ou si les réalisateurs qui vont le contacter ont besoin d'un mec cramé, avec une histoire suffisament lourde. Rourke petit à petit refait surface dans des projets plus à sa mesure. À l'image de Sean Penn qui appelle Bronson pour Indian Runner, Rourke apparaît dans le Buffalo 66 de Vincent Gallo, film sur l'Amérique des ratés, des rêveurs. Coppola, avec qui il avait bossé sur The Rainmaker l'année d'avant, n'a plus la côte suffisante (un putain de comble quand même) pour relancer logiquement Rourke en orbite. Mais Mickey en a-t-il envie... . Il retourne à quelques bisserie et commence lentement à écouter des hommes qui lui apportent sur un plateau des projets où il pourra rester lui-même, l'électron libre, dégoûté par le système, mais bon qu'à une chose, jouer. Et si possible dans des films où il fait autre chose que baiser et tirer à coup de fusil sur des nazes de séries Z. Sean Penn l'impose dans The Pledge. petit rôle, mais important. Penn n'a pas l'habitude de bosser avec des mous, des vides. Buscemi fait de lui un travlo de taule mémorable dans Animal Factory. Il donne la réplique à un vieux briscard de sa trempe dans Get Carter (qui est nul), un mec de son calibre, un autre miraculé, Stallone. Peut-être que ces hommes lui feront voir qu' Hollywood a encore une petite place pour lui et sa gueule fatiguée, cassée, rafistolée. À condition de bien choisir les rôles. Deux hommes vont scellés ce retour "Travoltaèsque". Tony Scott et Robert Rodriguez. Domino et Sin City. Deux rôles différents et pourtant proches. Des brutes sur le retour, qui se demandent où est leur place et que leur restent-ils à faire ici-bas, sinon utiliser leurs talents. Rourke, finalement est un acteur, tellement entier, que ne pas utiliser ce que les spectateurs connaissent de son histoire serait une faute. Sans parler de score incroyable au box-office, les prestations de Rourke dans ces deux films font le job. Mickey est de retour, en marge, comme il l'a toujours souhaité, mais il est là, ressuscité. Une histoire comme on les aime, grandeur et décadence, retour de nulle part et adoubement par ses pairs (pour valider complètement ça, attendons dimanche).

The Wrestler, qu'il a écrit sous un pseudo, ne raconte que ça. Arronofsky utilise à merveille le corps cabossé de Rourke, tout en pudeur et en simplicité pour raconter l'histoire d'un homme qui s'est planté, qui regrette, mais qui a un don et qui ne sait faire que ça. Après, le film invite d'autres portraits de galériens, au creux de l'Amérique d'en bas. Celle que Rourke respecte.
Loin de tout voyeurisme, simple et direct, The Wrestler, au même titre que le Rocky Balboa de Sly, est une belle réflexion sur la célébrité et son héritage, sur la place de nos idoles et sur le temps qui passe. Sans chichi, sans blabla, juste avec le coeur. Un putain de vrai bon film.





Sonny

5 commentaires:

FatS a dit…

rectification: ce n'est pas Rourke qui a signé le scénar
par contre, oui, Mickey est un putain d'acteur

Charcuterie du 7ème a dit…

Maz sait pas encore s'il va aller le voir; pour être certain, il me demande s'il y a John Cena dans le film ?

Anonyme a dit…

autant pour moi fats, Rourke a aidé au développement (l'idée est de lui je crois), mais n'est pas crédité.

Sonny

Anonyme a dit…

autant pour moi fats, Rourke a aidé au développement (l'idée est de lui je crois), mais n'est pas crédité.

Sonny

Anonyme a dit…

Quel putain d'bon film !!!!!