C’est bel et bien sous l’angle du blockbuster pur et dur qu’il faut aborder ce Démineurs, et oublier l’étiquette de docu-fiction que lui ont collé trop vite les premières critiques. Depuis Aux frontières de l’aube, Bigelow plonge sa caméra dans différents univers pour en ressortir toujours la même substance, l’amitié viril et le dépassement de soi. Démineurs n’est pas le Redacted de De Palma. Le style brut et documentaire de la mise en scène est plus à rapprocher de la nouvelle tendance en vogue chez les réalisateurs américains depuis l’avènement de la série 24 heures chrono. Cette mode consiste à immerger le spectateur dans une espèce de réalité crédible, poussiéreuse, et dans le cas présent, empoigner le destin de ces boys paumés en plein désert. Dans la mesure ou les chaines américaines on préparé le terrain visuel avec la première invasion d’Irak et la célèbre Tempête du Désert, les réalisateurs n’ont plus qu’à surfer sur cette dynamique et valider cette mutation stylistique. Boucler la boucle.
Le merdier dans lequel sont plongées les troupes américaines et sa dimension spectaculaire (merci Fox news) sont des éléments dont Bigelow sait exploiter tous les ressorts dramatiques. Ses personnages répondent aux canons du film d’action pur, où les caractères sont taillés à la serpe, où les motivations sont immédiatement identifiables. Cela pourrait s’apparenter à de la vulgarisation, voire une maladresse quand on s’attaque à une actualité aussi brûlante. Sauf que le scénario ne tombe jamais du mauvais côté, se gardant bien de glorifier des actes guerriers répétés à l’infini. Bigelow n’est pas là pour juger un contexte. Les soldats tuent. Entre les tueries, il y a l’ennui. Pendant, arrivent l’adrénaline et le besoin vital de se surpasser. Les scènes de tension brillamment réalisées exposent la problématique la plus simple qui soit, la bombe. La bombe représente le temps, le temps que les américains passent en Irak, le temps qu’ils perdent et le temps qui leur reste. C’est par petites touches subtiles que Bigelow rappelle que son histoire se passe dans notre réalité, que ces hommes affrontent chaque jour des situations pour lesquelles ils ne sont pas préparés. Le titre français réduit grandement la portée de ce propos, vendant le film comme une série B débile.
Le coffre à douleur, (The Hurt Locker), promet une séance moins confortable. Bigelow, réussie encore une fois là où de nombreux réalisateurs se trompent, en ne confondant pas spectacle et leçon de morale.
Sonny
1 commentaire:
ben ca donne envie d'y aller tout ça !!!
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