On n'a pas vu le Walhalla...

Vendredi soir, nous étions donc quatre guerriers venus reposer leurs corps fatigués dans le parfum ennivrant d'une décoction de plantes soigneusement préparée par notre Shaman favori, et à travers la dégustation de différentes denrées rares ramenées d'un récent périple sur une obscure mais ensoleillée île des mers du sud, où le contenu d'une ration de douceurs égale rarement son prix...
Tout était donc en place pour visionner une fois de plus (car on dirait que ça devient monnaie courante) un "inédit" cinéma, j'ai nommé PATHFINDER.
Vikings versus Indiens, Brutals Barbares contre gentils sauvages. Il est intéressant au passage de noter que le métrage est à la base sensé s'inspirer du comics éponyme publié par Dark Horse pour ensuite devenir un remake d'un ancien film norvégien narrant une histoire similaire dans un style différent.
En tout cas il est vrai qu'on l'attendait celui-là, en espérant qu'il vienne étoffer un genre assez peu fourni, malgré l'histoire tragique de son tournage. Studio pourri, réalisateur meurtri, résultat indécis... On connait malheureusement trop bien la chanson.
Peu importe, on baisse les lumières, on lance la bobine et advienne que pourra, pourfends tes ennemis de haut en bas.
Après quelques minutes, une chose est évidente: Marcus a mis du coeur à l'ouvrage et son travail de l'image n'a clairement pas été pris à la légère. On sera d'accord sur le fait que la plastique d'un film de ce genre là est au moins aussi importante que son histoire, si ce n'est plus. Le pire c'est que ça marche. Personne ne pourra décemment dire qu'il n'a pas été subjugué par le splendide design des Vikings, véritables gravures de Frazetta vivantes, volant littéralement la vedette à Ghost et ses pauvres comparses envahis. Les décors ont quant à eux une authenticité frappante, tantôt sauvage, tantôt fantômatique, même si quelques sfx douteux facilement repérables viennent entacher le tout (neige numérique, scène de la falaise, quelques plans d'ensemble...).
En terme de narration, le film est presque scindé en deux parties bien distinctes dont le rythme de chacune est trop différent pour créer un ensemble homogène. Avons-nous là l'une des premières séquelles résultantes du développement chaotique du film et du bridage de son réalisateur ? Rien n'est plus sûr. On lui préfèrera donc sa première moitié, pouvant se résumer en une chasse à l'homme haletante qui n'est pas sans rappeler le troisième acte du superbe APOCALYPTO. Et qu'en est-il de ce soit-disant "Director's Cut" sur lequel nous avions fait main basse alors ? Il est évident qu'il n'est que partiellement définitif et qu'il ne rend certainement pas encore honneur à la vision souhaitée de son créateur. On se doute bien que les quelques débordements gores (et forts appréciables) sont absents de la version salle, ou montés différemment, mais ce ne sont pas une poignée de têtes coupées et quelques flèches bien placées qui feront illusion, pas sur nous en tout cas.

Après LE 13ème GUERRIER, PATHFINDER rejoint donc le Walhalla des films brisés, dépossédés de leur âme par un démon jamais rassasié de la substance fade dont il se nourrit. Mais ne baissez pas les bras mes francs guerriers. Soyez fiers de vos combats. Restez debouts, unissez-vous, ne cessez jamais votre lutte acharnée et qui sait:
peut-être un jour vous trouverez la voie...



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