dimanche 20 septembre 2009

The Game


Et oui chose promise, chose vue, alors penchons-nous sur le cas du surprenant GAMER (Ultimate Game en français, pourquoi faire simple quand on peut faire nul...).

Vu en séance du matin, le nouveau film du duo Neveldine/Taylor (les deux Hyper Tension) est pour ainsi dire assez déconcertant dans son ensemble. Initialement, on espérait un actioner de SF musclé sans prétention mais surfant sans vergogne sur l'univers du pixel. On se retrouve alors devant un vrai film personnel où les scènes de guerilla urbaine tant attendues sont presque reléguées au second plan (de mon point de vue tout du moins). Attention, n'allez pas croire que GAMER est un ovni de science-fiction sondant les tréfonds de l'âme humaine au détriment de tout ce qu'il a voulu nous vendre via son trailer. Le métrage reste assez bas de plafond dans son traitement, raccoleur et vulgaire. De plus, la mise en scène des deux gaillards devient franchement épuisante au delà d'une heure de métrage même s'il est évident qu'ils prennent un pied monumental à filmer eux-même (rappelons qu'ils sont tous deux caméraman de formation). Mais force est de constater que les "auteurs" ont voulu faire bien plus que pondre un énième produit désincarné destiné aux cerveaux déjà bien ramollis des teens d'aujourd'hui. Et la où se situe le point fort du film selon moi, c'est dans sa capacité à interpeller les gamers contemporains, quelque soit leur âge.
En effet, dans sa vision d'un futur proche complètement décomplexé du numérique (et par extension, des valeurs sociales), le film pourra contenter les plus jeunes en leur assénant bon nombre d'images fortes ultra-colorées via un montage épileptique passablement gerbant, notamment durant les séquences de SOCIETY.
Dans cette ersatz de Sim's grandeur nature décadent, premier jeu "virtuel/réel" crée par le multi-miliardaire Ken Castle (Michael "Dexter" C. Hall, très à l'aise en salaud cynique), des citoyens acceptent, moyennant finance, d'être contrôlés par des joueurs (qui eux, payent) bien installés derrière leur écran, pouvant ainsi laisser libre cours à leurs fantasmes les plus inavouables. En gros, laisser temporairement la gestion de son corps à distance par un inconnu pour subir une expérience extra-corporelle impossible à anticiper tout en se cachant derrière un prétexte financier. Difficile de faire plus immersif et avant-gardiste dans le domaine...


Si les plus terre à terre d'entre-nous s'esclafferont devant ces ébats, les autres devraient très vite admettre la portée décadente et malsaine du concept (le meurtre de l'ascenseur résonne très fort dans le voyeurisme). Malgré le recours à quelques clichés pas si caricaturaux que ça (l'internaute ultra-obèse se gavant devant son écran, les interprètes de Society habillés façon porno-cosplay sous acide), cette vision du jeu-vidéo à venir fini par déranger et ne plus faire rire du tout.
Quoi de plus normal alors que de contrôler des humains se faisant la guerre pour de vrai ? Suite logique de SOCIETY selon Ken Castle, SLAYERS voit donc le jour sur la scène mondiale du web (et de tous les autres médias d'ailleurs). Histoire de feindre un semblant de justice et d'humanité, la règle du jeu offre à des condamnés à mort leur libération sans conditions contre 30 victoires. Le favori en course, Kable (Gerard Butler, au poil même sans barbe), gagne dès l'ouverture du film son 27ème combat. Alors sous les spotlights de la terre entière, il tentera par tous les moyens de trouver une échappatoire après avoir compris que l'absolution ne serait pas si évidente à obtenir. Durant les parties de SLAYERS, la mise en abîme atteint donc son paroxysme, pour les joueurs plus que pour les "joués" tout du moins. Mais c'est là que le potentiel du film aurait gagné à être exploité, notamment par le biais du fameux phénomène de "ping", bien connu des joueurs en réseau. Comme je sais que vous n'êtes pas tous concernés, sachez que le "ping" défini le délai entre l'envoi d'un ordre par le joueur et l'exécution de cet ordre par l'avatar, humain dans le cas présent. Cette fraction seconde, souvent synonyme de Game Over quand elle fait des siennes, laisserait le temps à l'homme sur le terrain de changer la donne. A peine survolé dans le film, ce détail très intéressant développe un rapport particulier entre Kable et son marionettiste, Simon, un adolescent hardcore-gamer enrichi par les gains exponentiels qu'engendre le jeu. Par exemple, quand le condamné vedette lui demandera de le laisser se contrôler lui-même, la première chose qu'il fera sera de descendre une flasque de gnôle avant de foncer au combat, comme s'il recherchait une sensation 100% humaine issue de sa vie passée. Ceci étant dit, cette réclamation de ma part n'a pas forcément lieu d'être étant donné que les objectifs des protagonistes ne se limitent pas à l'univers du jeu. A exploiter dans un autre film peut-être...


Par ailleurs, plusieurs idées certes casse-gueules mais originales sont à retenir, tel ce début de comédie musicale animé par Castle et sa bande de tueurs déshumanisés avant un combat final bien à l'ancienne, ou encore la provocation en chanson du détenu fou Hackman envers Kable, ce dernier le contemplant nu dans l'obscurité d'un vestiaire. Ces quelques passages confèrent donc un ton très singulier à l'ensemble du métrage qui n'oublie pas d'être violent et explosif quand il le faut. Niveau "supporting actors", on souriera devant la prestation rap-académique de Ludacris interprétant le "Humanz Brother", leader d'un groupe de pirates informatiques nostalgiques du bon vieux temps (guettez la borne d'arcade du légendaire "Metal Slug") et on regrettera un rôle éclair de John Leguizamo, détenu appartenant à la caste des faibles, pas assez mâle alpha pour tenter sa chance dans SLAYERS.


En résumé, GAMER ne se pose pas forcément en nouvelle référence SF comme l'a fait MATRIX en son temps mais impose malgré tout le respect, en exploitant plus son matériau de base que ce que l'on aurait pu croire.
Donc faut mettre un jeton dans la machine, comme on dit !

Smart Ass

5 commentaires:

Charcuterie du 7ème a dit…

mais la question qu'il fallait poser c'est "est-ce qu'il court bien ce salopard ?"

belle critique mon maz, j'irai bien me le mater !

Anonyme a dit…

Ok, t'as bien résumé. De bonnes idées par-ci par-là... Mais ce film est quand même ...

Sonny

C'est nous les gros a dit…

Ce que je vais faire c'est que je vais m'en tenir à ta très intéressante analyse et ne pas aller voir ce film qui me semble fait de matière sylvestre et de mousse végétale qui sent si bon après la pluie.

Par contre j'attend d'autres post de ce type de ta part, preuve que tu te fais trop rare ici.

dark gamer a dit…

Y pose pas souvent sa critique le Maz, mais quand il pose, on la sent passer !!! du coup, ça me donne envie de le voir... en video.

Mazz a dit…

Mais qui es-tu Dark ceci, Dark cela ?