jeudi 29 janvier 2009

Néons et révolutions

Qu'est ce qu'un auteur? C'est un créateur, riche d'un univers fort et complexe, l'exprimant et le réinventant constamment, en s'appuyant sur des thèmes qui lui sont chers (Truffaut, Kurosawa, Bay, Lang...). Les affinités et la compréhension que partagent spectateurs et auteurs forgent des relations qui parfois dépassent le cadre de la simple admiration béate. Un des exemples qui convient le mieux pour expliquer cette folle alchimie se nomme Michael Mann. Cinéaste de la solitude et de l'échec, de l'obsession et du devoir. Lorsque MTV le contacte en 1984, il n'est pas encore le cinéaste installé qu'il est aujourd'hui. Son passé de photographe, ses premiers travaux sur pellicule (...Comme un homme libre, Thief, The Keep) l'annonce comme un homme de forme autant que de fond. Mann prolonge les spécificités de ses personnages et de son histoire par ses choix de cadres, de lumière jusqu'à en être parfois outrancier. Mais c'est bien ça, justement, un auteur. Un homme qui suit ses idées, ses obsessions et ses rêves. En 1984 il n'a pas encore la liberté totale qui caractérisera ses choix futurs. Mais il a des convictions. Donc MTV. Les pontes de la chaîne naissante commandent une série télé au cahier des charges précis : belles femmes, grosses voitures, fringues à la mode et surtout beaucoup de musique. Tout le monde connaît l'histoire. Anthony Yerkovitch brasse tous ces éléments pour en sortir Miami Vice, l'histoire de deux flics déprimés, traquant aussi bien dans les bas-fonds de Miami que dans sa haute société toutes sortes de trafiquants. Quelle série reflète mieux les 80's? Quelle série affichait à l'époque une qualité scénaristique équivalente? Les années 80 ne laissait pas la lattitude nécessaire à Yerkovitch et Mann pour donner à Miami Vice l'absence de compromis que le film se permettra en 2006. Mais les ballades nocturnes en Ferrari, musique à fond et tristesse dans l'oeil, étaient là. Les hommes regardaient déjà la mer, attendant une réponse que Mann ne leur donnera jamais, mais que le spectateur connaît. Crockett et Tubbs veulent être libres. Leur obsession et leur peur du vide leur interdit tout renoncement. On entend souvent dire que cette série n'est que futilité et néon rose, Ray Ban et Armani. Archi faux. Riche en trames calibrées, en acteurs charismatiques (Edward James Olmos pour ne citer que lui), Miami Vice marque le passage à l'âge adulte des séries télé américaines. Michael Mann aura la carrière qu'on lui connaît, peuplant ses films de Crockett et de Tubbs, pour enfin adapter ce monument de la pop culture en 2006. Miami Vice le film, révolutionnera 20 ans de cinéma, comme Miami Vice la série révolutionna 20 ans de série télé.





Sonny "Snake" Burnett

6 commentaires:

Mazz a dit…

Ca c'est beau, ça c'est vrai...

C'est nous les gros a dit…

A l'heure ou je vous écris je suis peut être à Miami, accompagné d'un 90 D à bord de sa Ferrari !

Ouais gros !

Charcuterie du 7ème a dit…

moi tout ce que je tire de cette série c'est que les mocassins sans chaussettes ça peut avoir la classe !

Anonyme a dit…

ben ouais pélo bel hommage, et moi je veux un putain d'alligator de compagnie !

THE CUBAN HUNTER

FatS a dit…

autant tu as raison quant à la révolution formelle mais en terme de qualité scénaristique, tu oublies 2 séries de poids des 80's : Magnum et Un Flic dans la Mafia

FatS a dit…

et hop au passage je place Bay parmi les auteurs, au côté de Kurosawa... soit tu déconnes ou tu veux choquer mais si t'es sérieux il faut te ressaisir