samedi 4 décembre 2010

Never forget about Martin


La foule réclame le bûcher, les armes sont polies, la justice des hommes va s'abattre tel le glaive vengeur sur l'accusé. Non, malheureusement ce n'est pas une énième scène de foule débile et vindicative des Simpson, mais le sort que subit depuis maintenant de longues années l'une des figures centrale du Fan Club. Mel Gibson. Et moi j'en ai plein le cul. Voilà. Mel, des millions de suceuses t'accusent de tous les mots? T'inquiète, l'espace d'un petit post de rien du tout, on prend ta défense. Parce qu'ici, on t'aime. La bête reste difficile à abattre. Costner et bien d'autre avant lui ont morflé à Hollywood. Mais ils sont peu à avoir vendu si chèrement leur peau. C'est pas des banquiers incompétents ou des journalistes encartés qui lui dicteront sa façon de marcher!

Rester objectif quand on parle de Mel Gibson, c'est comme demander à Martin Riggs de tuer un méchant avec une seule balle. Difficile, mais possible. Parce qu'il ne sait rien faire d'autre. Les vrais comprendront. Bref, Gibson serait macho, antisémite, alcolo, et pourquoi pas tueur en série, nécrophile et républicain? Il est surtout complètement dépressif. Sinon comment expliquer ces déclarations sans queue ni tête sur les juifs? Les gens qui, dans la passion du Christ, voient une ode à l'antisémitisme, sortent du même moule que les cons qui cramaient des cinémas à la sortie de la dernière tentation du Christ de Martin S. Quand l'art déchaîne les passions, on est quand même dans le vrai. Et puis on va pas comparer Gibson à Céline non plus hein? Gibson, depuis le début de sa carrière, place ses performances et sa caméra dans le camp de l'opprimé, du freaks, du paria, du solitaire. Il est TOUJOURS du côté des loosers, bien conscient d'en être un lui-même. Incapable de gérer sa célébrité, sa tune et son statut, Gibson a laissé déraper sa vie de famille, et sa vie tout court. Alors oui, on parle d'un chrétien convaincu, pour qui l'aspect chemin de croix de la vie est intimement lié à tout homme, au trajet d'ici bas. Sans risque, pas de gloire après tout. Mais derrière ces postures, il y a l'ambivalence. Dévasté par l'implosion de sa vie de famille, Mel, en bon humain qu'il est, n'arrive pas à digérer. Si les juges pensent que les cures de désintox nous le rendront sain et sauf, ils se foutent le Beretta dans l'oeil. Les fêlures qu'exhibent Mel ne datent pas d'hier. C'est étrange, mais une ombre a toujours semblé planer sur ses performances. Max et Martin, ses deux plus célèbres avatars, partagent ce blues, cette tristesse sans fin visible dès la première rencontre. Comme si le coeur prenait la forme d'une maison hantée. Bruce Willis, même s'il joue souvent les outcasts, a sa gouaille et son sourire en coin. Arnold avait ses muscles. C'est peut-être du côté de Sly qu'il faut chercher un équivalent, au rayon déprime. Rocky/Rambo et Rockatansky/Riggs, même combat? Pas loin. On parle là d'un acteur à 20 millions de dollars qui ramenaient des centaines de millions aux studios sur son nom. Si l'homme de la rue lui a offert ce statut, c'est qu'il a vu dans ses personnages bien plus loin que les limites du super héros d'action.

La comédie n'est pourtant pas absente de son palmarès. En bon clown triste qu'il est. Mais que peut-on bien repprocher à Mel? Certes, il n'a pas fait que des chefs d'oeuvres. Mais il a des principes, vertu peu courante à Hollywood, surtout chez les monstres sacrés. Attention, ce qui suit est un crève coeur, mais mérite le respect. Joel Silver sent que c'est le moment de refaire un épisode de l'Arme Fatale. Pour moderniser la franchise, il veut confier la réalisation à Shane Black, scénariste génial et père de la série. Black vient de passer à la réalisation et affiche des compétences intéressantes. Silver aime cette notion de famille, inhérente à la saga. Mais Gibson refuse, parce qu'il aime encore plus que Joel l'idée de la famille, voir même de la tribu. C'est Richard Donner, metteur en scène historique de la série qui sera aux commandes, ou personne. Donner a pas loin de 80 balais. Silver voit mal comment il pourrait assurer le taf. Silver refuse, et doit donc accepter la décision de Mel. Quand on regarde la carrière du mec, on comprend qu'il ne s'est pas planqué derrière cet argument pour refuser poliment l'offre de Joel. Il ne voulait pas laisser un copain derrière. Point barre. Comment ne pas respecter une telle décision? Avec Gibson, c'est toujours du cash. Ses films en tant que réalisateur le prouvent. C'est pas la finesse qui l'emporte. De L'homme sans Visage à Apocalypto, c'est gros sabots et uppercut. L'émotion, voilà le moteur de Gibson. Ne jamais mentir, ne jamais trahir, ne jamais reculer. Gibson, c'est Motörhead à lui tout seul, un concert de rock perpétuel. Ces interprétations ne laissent jamais indifférent. Les yeux habités par la folie de Riggs, qui connaîtra une certaine rédemption, sans jamais cacher ses cicatrices. La dureté de Max, carapace indispensable pour se protéger d'un monde de haine. La volonté de William Wallace, la mélancolie du pasteur dans Signes... Gibson ne recycle pas, il creuse ses thématiques. Comme Cronenberg, Lynch etc... il est un artiste, un vrai, habité par ses thèmes, et les démons qui vont avec. Et jusqu'au bout il nous servira la même tambouille. Sans honte. C'est sûr que dans cette époque où tout est lissé, Gibson et son caractère font figure de monstre. L'éternel devoir d'exemplarité des superstars. Quelle hypocrisie. Gibson picole et raconte de la merde. Comme tout le monde. Ah, c'est pas Josh Duhammel le Mel. Un peu moins lisse. Peut-être, véritablement, le dernier de son espèce.

Aucun doute, le bonhomme doit être difficile à supporter. Pas plus qu'un Dali, un Chaplin ou un Pollock après tout. Et quand il sera parti, tout le monde le pleurera. Il joue dans le prochain film de Jodie Foster. Si le buzz est bon, il reviendra par la grande porte. Dans le cas contraire, on s'en branle. Gibson restera Gibson. Un mec à l'ancienne, qui n'a jamais triché. Un putain d' Expendable (Sly, pour le 2, voit haut pour ton casting). Il ne reste plus qu'à espérer que Mel trouve la paix. De Max à aujourd'hui, le chemin de croix doit lui sembler bien long.
On t'aime.


Sonny

3 commentaires:

darkdavor a dit…

Tout est soupçonné d'antisémitisme aujourd'hui dans ce monde aseptisé ou on de doit pas faire "pppfffff à 6 millions de morts Mr Maklouf !!!!".
Je te rejoins évidemment sur bien des points de ton hommage : Gibson est un grand acteur (la folie dans les yeux de Riggs comme tu dis) et un réalisateur atypique, choquant voire brutal. Mais comme tu l'as souligné, c'est la fonction même de l'art, et sa raison d'être. Je n'aime pas tout ce qu'il a fait mais ça m'a toujours interpelé. Si c'est juste pour faire "joli", y'a les Enfoirés et Pascal Obispo.

Fever 105 a dit…

Yo la Fan Club!
Je suis HS sur ce post mais c'était juste pour vous demander la question qui brûle les lèvres de tout le monde entier, de Miami à Bombay, de Tokyo à Vesoul:

A QUAND VOTRE RETOUR????

Anonyme a dit…

Ici on a choisis notre camp.
Les autres c'est des pûtes.

J.