mardi 7 décembre 2010

Les gros Roberts

Grindhouse Rodriguez Double Feature:
Dimanche 5 décembre à 15h55 au ciné: MACHETE
Lundi 6 décembre aux alentours de 21h en VOD: PREDATORS



C'est fou comme notre capacité à encaisser les expériences douloureuses peut parfois repousser les limites. Double portion de Rodriguo donc pour ce week-end prolongé. Vous remarquerez ici l'emploi du terme " Rodriguo" ce qui joue bien entendu en sa défaveur.

Commençons dans l'ordre avec MACHETE tout d'abord.
Attendu depuis longtemps comme le messie par certains (les fous) ou comme la simple prolongation du trailer éponyme périclitant l'ambiance Grindhouse (magnifiée par PLANET TERROR) pour les autres (nous), le film déçoit. Et une fois n'est pas coutume, disons-le tout net: Robert nous la joue trèèèèès détendu. Se reposant uniquement sur son casting de ganaches hautes en couleur (sans jeu de mot), le plus américain des mexicains nous pond un métrage qui n'atteint jamais un rythme de croisière suffisamment cool pour nous permettre de se plonger dans l'aventure de Danny Trejo et ses comparses. Du coup, le produit fini ressemble plus à un collage du trailer et d'une multitude de scènes (excellentes cela dit) qui semblent avoir été pondues au fur et à mesure du tournage. C'est d'autant plus rageant que toute cette inventivité énergique est vraiment communicative et frappe très souvent en dessous de la ceinture, donnant au film une ambiance second degré complètement assumée et donc réussie.


Comment expliquer alors un tel manque d'homogénéité dans le produit fini ? La réponse doit malheureusement se trouver une fois de plus sous le stetson du mec derrière la caméra, celui qui se vante de produire, filmer, écrire et monter tout seul la plupart de ses films, entre deux grattages de guitare et une partie de playstation (on aime bien la sortir celle-là). On en est donc au point de se demander de quelle façon Rodriguez aborde-t-il un tournage ? Y a-t-il des jours avec et des jours sans ? Car sans être un sommet du genre (quoique), il faut bien avouer que son PLANET TERROR nous avait bien bluffé. Et pour ainsi dire, les deux films sont complètement identiques dans leur approche, leur habillage sans parler de leur contenu. Peut-être est-ce alors une question de passion, d'implication suivant la période, peut-être que Rodriguo avait comme souvent plusieurs choses à gérer en même temps, ce qui expliquerait le crédit d'un deuxième réalisateur au générique.
D'ailleurs rappelez-vous l'équation: 1 Spy Kids = $ ---> 1 vrai film que j'ai envie
Toujours est-il que le résultat final n'en reste pas moins un très agréable moment de cinéma pour les fans de débilités hardcore que nous sommes, contenant de purs moments d'hilarité (les ganaches de Seagal et De Niro, l'introduction du personnage de Tom Savini, le gore au 3ème degré...) mais qui interpelle malgré tout sur la façon de bosser du réalisateur. Certains disent que ce rythme un peu décousu du métrage serait volontaire, comme pour coller à celui des films Grindhouse d'antan qui on le sait bien ne brillaient pas par leur narration. Vu sous cet angle là ce serait légitime en effet mais permettez-moi d'en douter.
MACHETE se situe donc quelque part entre SIN CITY et DESPERADO 2, dans les méandres d'un certain laxisme à priori complètement assumé, à regarder complètement détendu avec la même désinvolture que le réalisateur lui-même, un tacos et une cerveza à la main.

La belle brochette de puto du film

Penchons-nous à présent sur le cas PREDATORS, un sacré cas en effet.
Déjà le court laps de temps écoulé entre le lancement de la pré-production et l'annonce de la sortie du film avait de quoi inquiéter. Pourtant l'idée avait tout pour séduire malgré les mauvais souvenirs AVP et consort. L'ambition de Roberto (ici producteur) était d'abandonner le risque d'un 3ème cross-over potentiellement mauvais pour renouer avec les origines forestières et tribales de la série. Grand bien lui en a pris, sur le papier tout du moins. Rappelons que le projet initial d'un PREDATOR 3 avait germé dans son esprit durant les 90's, projet jugé trop coûteux à l'époque (on parle d'un budget annoncé de 150 millions de $).
Le scénario, même s'il n'invente rien est pourtant très enthousiasmant: à la fois remake et revival du premier film, il met en scène une poignée d'humains soigneusement sélectionnés dans un panel de bêtes de guerre de tous horizons, largués comme de vulgaires gibiers sur un planète étrangère et hostile servant de terrain de chasse à une bande de Predators très très remontés. Ultra-bandant dans l'imaginaire mais beaucoup moins dans la triste réalité des productions sans saveur d'aujourd'hui.


La scène d'ouverture, immersive, est pourtant très réussie. Brutale et immédiate, l'arrivée en chute libre des différents protagonistes coupe littéralement le souffle juste avant l'écran-titre. A la fois Badass et sans fioritures. Concernant le casting, chacun pourra y aller de sa critique sur le choix de tel ou tel acteur, ce qui de toute façon est loin d'être le principal souci du film. Même l'apparition du désormais très gros Laurence Fishburne ne m'a pas dérangé quoique son personnage constitue une réelle prise de risque de la part des scénaristes qui ne fera pas l'unanimité. On a en tout cas nettement l'impression que le réal ne sait pas toujours quoi faire de ses héros et se contente de multiplier les clins d'œil/hommages maladroits à l'œuvre de McTiernan, le pire étant le "mano à mano" du yakuza contre l'un des Predators, singeant inutilement le baroud d'honneur de Billy. Cette scène, pourtant attendue au tournant et qui aurait pu devenir une future référence du choc des (pop-) cultures arrive comme un cheveu sur la soupe et se désamorce d'elle-même, malgré le charisme du japonais.
En ce qui concerne les vraies stars du film, ces dernières brillent tout de même pas mal par leur absence et passent bien trop de temps en mode camouflage optique (dans tous les sens du terme). Ces Predators new-age pourtant fort sympathiques ne sont jamais vraiment exploités au maximum de leur potentiel. Appartenant à une race différente, plus grande et plus puissante que celle que nous connaissons bien, il est laissé dire par l'un des protagonistes qu'une lutte fratricide a lieu entre les extra-terrestres eux-mêmes, ce qui nous laissait imaginer toutes sortes de rixes et tirs croisés aux issues multiples dont nous ne verrons malheureusement qu'un pseudo-combat très vite expédié. Ajoutez à cela un budget assez mince qui force à recycler ses décors (le climax a lieu sur un set déjà vu et pas génial), une musique qui tient plus du copié/collé que de l'hommage, un casting de ganaches savoureuses mais elles aussi sous-exploitées, un petit twist final qui ne sert à rien et vous obtenez un film qui sans être mauvais et mal fichu a été très certainement développé et distribué à la va-vite et qui pèche surtout par son vide intersidéral. Une distraction honnête pour certains, un nouveau constat amer pour d'autres.
Je crois savoir dans quelle catégorie vous vous situez.

Les deux pélos les plus loadés du film

Mazz (ex-Smart Ass)

3 commentaires:

Mazz a dit…

Et oui je sais, concernant Machete ça en surprend certains mais bon c'est comme ça.

Charcuterie du 7ème a dit…

mouai ce Machete n'est pas très bon quand même... des bons délires mais au final y-a que ça, c'est short pour faire un film.

Anonyme a dit…

J'ai pas vu Machette, mais concernant Predators voici ma critique du film : C'est balourd.
Et pour ceux qui pensent que ça n'est pas constructif sachez que j'm'en balance et que je vais pas perdre mon temps d'écrire sur ce film alors que j'ai encore rien dis de The social Network qui lui est sublime.

Bonne journée.

J.