mardi 23 février 2010

L'étude en gris


Je pensais qu'il allait tout saloper. À part deux ou trois séquences dans ses deux premiers films, il n'y a rien qui me plaise dans le cinéma vulgaire et chichiteux de Guy Ritchie. Me demandant comment le bonhomme va s'en sortir avec un personnage aussi fin et brillant que Sherlock Holmes, j'allais à l'encontre de la réponse avec crainte.

Tout d'abord, Ritchie n'est pas seul. Joel Silver est l'homme derrière le projet. Aucun doute, Silver a accepté que Ritchie embarque, à condition qu'il laisse à quai ses tics visuels outranciers qui ne seraient guère à leur place dans l'Angleterre victorienne. Bon, Ritchie ne devient pas Terrence Malick en un claquement de doigts, mais il calme le jeu sensiblement. Après, n'oublions pas que l'opération rajeunissement du détective passe par l'étape "action". Ritchie case ses ralentis fétiches, mais en apportant le sens de réflexion de Holmes dans le processus. Le problème, c'est que fier du résultat, il l'utilise deux fois. Une seule suffisait.

Voilà, Downey Jr et Law ont pour mission de rafraîchir le duo. De l'action, des coups de pieds, des explosions, des femmes sexy... . Pourtant pas de trahison. Les fans de Holmes ne pourront pas accuser les scénaristes d'oublier les passages obligés. Mais parfois, on peut regretter que l'équipe du film ne s'impose pas certaines limites. Holmes vit ses dons comme un super pouvoir n'ayant comme principal intérêt de mettre de l'excitation dans sa vie. Il s'ennuie dès que son esprit ne se focalise pas sur une énigme digne de son nom. Entre deux enquêtes importantes, il déprime, se drogue, invente des objets, développe des techniques d'investigations. Ses relations avec Watson sont assez claires, mais profondes. Le docteur veille sur son ami, l'admire pour ses talents, mais considère ses dons comme une malédiction. Holmes voit tout. Imaginez un peu l'enfer d'une tel puissance mentale. Son frère Mycroft est , d'après Holmes lui même, plus intelligent que lui. Mais Mycroft ne dédit pas sa vie au crime. Holmes a un grand sens de la justice.

L'interprétation de Downey Jr est bonne. Sauf que son Holmes ne se drogue pas (tout comme son Tony Starck boit du bout des lèvres, époque de merde). Il donne une forme dandy déjanté à Sherlock Holmes qui n'a rien à voir avec les écrits de Doyle, mais qui a le mérite d'être crédible. Downey Jr aime les personnages qui semblent n'en avoir rien à foutre, mais toujours en plein contrôle de la situation. C'est assez paradoxale, j'adore Holmes et son univers, j'aime dévoré ses enquêtes, leur aspect contemplatif, mais je n'arrive pas à ne pas aimer cette inclinaison que j'aurais normalement trouvé pourrie. Par je ne sais quel tour de magie, Ritchie maîtrise son délire. Son Holmes 2.0 est réussi.

L'enquête est le point noir du film. Sans être un talon d'Achille, elle n'est tout simplement pas à la hauteur du brillant cerveau de Holmes. Trop simple, sans véritable danger, truffées d'énigmes trop modernes. Le scénario devait inventer, il était hors de question d'imposer un Holmes nouveau dans les limites d'une histoire connu de tous. La seule histoire qu'y conviendrait serait le Chien des Baskerville (peut-être la suite?). ici, il y a un complot, de la magie, des francs-maçons et un bon méchant (Mark Strong au top, comme dans le plat Mensonges d'État), mais rien qui ne fasse plonger Holmes dans les méandres de son âme. Le spectacle est quand même agréable. Le coup de jeune fonctionne.

Jeremy Brett restera le Holmes historique, le gardien du temple de Conan Doyle. Downey sera la version pop, encrée dans les écrits, mais grandement remaniée.

Pour finir, la photo du film est superbe. Le gris sale incroyable de Philippe Rousselot fait vivre les somptueux décors de Londres. Donc beau et cool. J'y croyais pas une seconde.




Sonny

7 commentaires:

Charcuterie du 7ème a dit…

un Holmes cousu de fil blanc. On voit le talent de détective sur des détails dont on se branle un peu; franchement (et oui je vais spoiler) qu'est qu'on en a a foutre que le vilain ait utilisé du miel pour faire de la colle...
Alors oui les acteurs jouent bien, non tout n'est pas moche mais c'est là où je vous dirai toujours qu'un LOTR est un bon film, parce que même si certains passages ne sont pas parfaits, l'essence y est.
Ici nada, nini, peau d'balle et balais d'crin.
Le coup du (2ème spoil) mec qui est pas pendu et qui revient à la vie de cette façon, je vois ça toutes les semaines dans les experts (je regarde pas mais je suis sûr que c'est ce que je verrai si je devais regarder), le truc le plus naze et le plus éculé de monde.

Après, même si Law joue bien, il est où le Watson admiratif, on a l'impression qu'il veut coller un pain dans la gueule de Holmes.

Non sérieux, un Holmes avec une intrigue bidon, même s'il y a des explosions, c'est quand même a oublier !

darkdavor a dit…

Moi, je suis entre vous deux les pelos... trop moyen pour moi ce Holmes. De bons moments "ligue des Gentlemen extraordianaires" et une enquête à la merde...
Et puis je commence à en avoir marre de voir du Watchmen effect partout...
Trop moyen pour que je le revoie un jour.

Anonyme a dit…

Ici, la qualité est de s'être affranchi de la version canonique de la BBC avec Brett. La refonte à de la gueule, et tout ce que tu égrène comme défauts sont des piliers de la littérature de Doyle. Le chemin est très différent, la destination sensiblement la même. Je me suis farci suffisament de bouquins de Sherlock Holmes pour reconnaître que la substance est respectée. Dire que les scénaristes sont pas fidèles est tout bonnement faux. Ils ont remanié un univers qui de toute façon ne pouvait plus être abordé "à l'ancienne". Bizarre de trouver Iron Man bon, et ça mauvais. Il n'y a dans le film de Favreau rien de l'efficacité déployée ici. Aucun point de vue, wallou. Richie donne UNE VERSION du mythe. Il apporte un regard sur Holmes (qui je le répète, était prisonnier dans sa version classique de Mr Brett). C'est peut-être juste que la vie de Tony Stark est moins intéressante. Et puis compare pas les experts à ce film, parce que chez les experts tout est putassier, ici, même si c'est parfois mode, c'est avant tout du cinéma. Du vrai. Qui prend pas les gens pour des jambons. Pas comme Iron Man tiens.
Mais peut-être attendais-tu un reboot?

Sonny

Anonyme a dit…

Pour le Watchmen effest, revois Matrix Davor. Il était là un peu avant.

Sonny

darkdavor a dit…

L'effet Watchmen, c'est pas tellement dans les ralentis que je le vois. C'est dans les coups de poings gros plan ralentis où on voit les joues où les parties du corps touchées devenir toutes flasques (toujours au ralenti) pour donner un effet d'image. C'est pas que je trouve ça désagréable, mais ça devient la norme (Watchmen, Zombieland, Sherlock et sûrement d'autres)... c'est dommage mais c'est un détail.

Anonyme a dit…

Je comprend, mais guy ritchie, pour le coup, est fan de ralenti élaborés (revoit crime arnaque et zob ainsi que snatch). je vais pas défendre ce mec à tout prix, mais là je lui reconnaît au moins un honnête boulot de réalisation.

Sonny

THE HUNTER a dit…

j'ai pas vus ce film et j'irais pas le voir !
mais je tiens à dire que dans les experts las vegas tout n'est pas putassier, preuve en est tarantino réalise un double épisode qui reprends tout les jalons visuels de la série sans en oublier un seul.
la série à des défauts mais c'est ce qui se rapproche le plus de l'univers du vegas glauque et sombre d'ellroy à la télé. On est pas chez "buffy" ou "prison break".
Quand au holmes, vous ne parléez pas de cette "magnifique " scène de fight club tsui harkisant qu'on entre aperçoit dans le trailer et qui suffit à rebuter le chaland !?
qu'en est il ?

ET PUIS IRON MAN c'est encore une bonne adaptation de comics !!! revois le !

THE HUNTER (venu sauver les miches de william pettersen et de tony stark)