Il y a peu de temps, l'équipe de La Fan Club s'est penchée sur le cinéma de genre français. Il en est ressorti, en substance, que malgré les maladresses d'auteurs peinant à trouver leur place dans un système de production/diffusion inadéquat, on s'en sortait pas mal. Le règne de Navarro, des comédie de merde et des films de chambre, même si il n'est pas prêt de s'achever, connaît un début d'opposition. Nous sommes ici porté naturellement sur le cinéma de genre, comme vous le savez. Nous avons vu pratiquement toutes les tentatives récentes de cinéma bis bien de chez nous. Dès qu'un réalisateur tente d'apporter sa pierre à un édifice qui tarde à s'élever, La Fan Club répond présent. Et je peux affirmer sans m'avancer, qu'on part souvent avec un à priori positif que l'on accorde rarement à d'autres. En gros, on a envie d'aimer.
Mais voilà, dans cette scène moderne, la ligne qui sépare les bonnes intentions et la réussite est large. Nous n'avons pas le patrimoine nécessaire, ni les équipes rodées à la difficulté des tournages fauchés, ni rien d'une scène stable, capable de supporter des projets de débutants. Alors, c'est soit le mec est doué et porte son sujet à bout de bras (Siri et Nid de Guêpes), soit le mec aurait dû rester au chaud dans son studio télé à déblatérer des saloperies sur Ridley Scott. Voilà, disons le tout net, La Horde de Yannick Dahan et Benjamin Rocher est un ratage intégral, un mauvais film. Ce n'est même pas un nanar, c'est pas digne du pire Fulci. Ce film et ses travers nous renvoi 20 ans en arrière et saborde presque à lui tout seul les essais transformés (St Ange, Haute Tension, Calvaire...).
Une fois de plus, c'est pas parce qu'on regarde des films qu'on peut en faire. Il faut intégrer certaines composantes essentielles, comme choisir des acteurs capables. C'est un des premiers défauts du film, et pas des moindre. Les acteurs. C'est un manque de respect incroyable, et pour le genre et les spectateurs, que de lancer devant une caméra ce casting inepte, vulgaire et surtout mauvais. On fait un film avec des zombis alors on se fout des acteurs hein, on peut foutre n'importe qui, ce sera marrant. Demande à Zack Snyder si il aurait voulu Doudou Masta dans L'Armée des Morts. Ils sont tous en dessous de tout. Déjà que les situations ne fonctionnent pas, aucun n'a les armes pour nous plonger ne serait-ce que 3 secondes dans l'ambiance. Jo Prestia est ici respecté, mais quand il est bien utilisé. À savoir quand il s'agit de monter son vilain faciès, par bribes de 30 secondes. Quand on lui colle des pages de dialogue, avec des intentions et de l'humour, c'est foutu.....c'est de la faute professionnelle! L'équipe de flics n'est pas au mieux. Zero charisme. Claude Perron (à la ville madame Dupontel) est crédible dans des fables comme Amélie Poulain ou Enfermé Dehors. Lorsqu'il s'agit d'en faire des tonnes dans le registres de la simplete un peu allumée. Mais en flic de choc vengeresse casseuse de zombi y'a plus personne. On touche là un point essentiel du naufrage. Personne ne sait vraiment où il se trouve. Certes pas aidés par des dialogues creusant eux aussi la tombe du film. Le mot" enculé" est répété des vingtaines de fois. Pas une seule il ne sonne bien.
Le pitch du film est pourtant porteur de promesses. Des flics borderline se rendent dans un quartier chaud pour venger la mort d'un des leurs. Une bande de truands va payer le prix du sang. La famille c'est sacré. On aurait pû attendre un traitement malin, à la Carpenter dans Assaut, où le contexte géographique se heurte et alimente la dimension sociale des personnages et des enjeux. Du genre on passe par l'entraide et on se sauve, on règle les comptes après. Dahan essaie, mais il ne maîtrise tellement rien, la sauce ne prend jamais. Laissez tomber, ici y'a que dalle. J'ai lu que le film offrait une lecture de notre société malade rongée par la haine et l'incapacité des gens à communiquer. Mais quelle putain de blague. Journalistes venant en aide à journaliste en danger. Tellement empêtrés dans leur mise en scène poussive et leurs choix scénaristiques foireux, les réalisateurs sont bien incapables de délivrer quoi que ce soit de subtil. À ne jamais choisir entre le second degré et le hardcore, La Horde choisit d'être vide de tout sens, vide de ce que nous sommes en droit d'attendre d'une série B horrifique, le Fun!
Il serait trop long de prendre ce film point par point et d'en démonter tous les rouages grippés qui le composent. Le genre c'est du sérieux, de la rigueur et du coeur. Les films de Christophe Honoré ne demandent rien de tout ça, juste de la hype et Télérama. Le genre, ici, c'est le mec qui n'a pas de pote à la récré et qui lit des comics. Nous ne sommes pas en territoire conquis, nous n'avons pas le droit de prendre le défi par dessus la jambe. Max Cady l'a très bien dit, aucune rancoeur, nous voulons juste démêler le vrai du faux. Ici tout est faux. Maintenant, je suis pas le gardien du temple. Peut-être les mecs feront-ils un deuxième film et peut-être ce film sera réussi. Je peux quand même pas m'empêcher de penser, comment, après avoir consacré une si grande partie de sa vie à regarder des films, commettre de telles erreurs? Parce que sont crédités au scénario Arnaud Bordas et Stéphane Mossïakis de Mad Movies quand même. Alors, peut-être un jour plusieurs d'entre nous aurons la chance d'assouvir ce rêve, soit à l'écriture, soit à la réalisation. Faire un film de cinéma. J'espère qu'on saura éviter tous les pièges dans lesquels sont tombés Dahan, Rocher et toute l'équipe. Tout ce que je sais, c'est que moi, j'ai jamais dit qu' American Gangster ressemble à un téléfilm.
Sonny