Voilà, 2010 va tranquillement laisser la place à 2011. Bilan, classement, classe, pas classe. Ici c'est La Fan Club les amis. On trie, on range, on optimise les malles de rangement. Comme dans n'importe quel grand médias. Parce qu'au fond, c'est exactement ce que nous sommes.
Films:
10- Up in The Air
Une partition autour de la solitude et de la crise de la quarantaine exécutée par un casting brillant. Une vision du monde de l'entreprise glaciale et un regard sur nos morales, nos valeurs sociales ou intimes qui touche juste. Il est même amusant de voir Clooney en ersatz de son propre personnage de la pub Nespresso. Désincarné jusqu'à la caricature, et pourtant rongé par un mal profond et contemporain. Si le film de Jason Reitman (fils de) est si réussi, c'est parce qu'il n'essaie pas de dépasser son cadre. C'est donc d'une finesse et d'une classe visuelle presque inimaginable dans notre cinéma sur un sujet équivalent.
9- Fantastic Mr Fox
Premièrement : rentre chez toi Tim Burton et ton adaptation de Roald Dahl toute boisée. Deuxièmement: Wes Anderson est l'un des meilleurs cinéastes américain en activité. Constant, doué, toujours dans l'exploration des même thèmes sans tomber dans la formule ou la redite. Mr Fox est un trésor d'humour et de poésie. Anderson retranscrit à merveille ses obsessions familiales grâce à ses marionnettes. La mise en scène exprime une humeur d'enfant surexcité par son nouveau jouet. Entourés d'acteurs dévoués à sa cause, il offre l'un de ses meilleurs films.
8- Des hommes et des dieux
Xavier Beauvois fait partie des 5 ou 6 cinéastes français intéressant. C'est à dire du fond, de la forme, un univers personnel et un amour du cinéma qui habite chaque plan. Des hommes et des dieux mérite tout ce qui a été dit de lui. Comment transposer à l'écran une histoire casse gueule et polémique comme le massacre des moines de Tibérine? En réalisant un western. Dans son genre, le meilleur qui soit. Retranchés dans leur monastère, 8 hommes de paix refusent le chantage des armes. L'absence d'ennemi (et donc de manichéïsme) et d'une morale quelconque rende cette leçon de scope admirable.
7- The Wolfman
Voilà une des rares tentatives réussies de reboot/remake d'un classique du cinéma populaire. Il aura fallu attendre. Et pourtant, The Wolfman a connu un développement chaotique, que le spectateur ressent d'ailleurs pendant le film. Joe Johnston, l'homme derrière le classique Rocketeer tient la baraque comme l'artisan chevronné qu'il est. Le parfum vintage que dégage le film est authentique. Peu de synthèse, du latex et du gore. Visuellement on touche du doigt ce grain d'époque qui nous manque tant dans les productions modernes. Du bel ouvrage.
6- The Town
Une bande de ploucs de banlieue terrorise la police de Boston. Ils sont les princes des voleurs. Mais si une amitié peut résister à l'argent, elle résiste rarement aux femmes. Ben Affleck, humblement mais clairement, rentre dans la cour des cinéastes à suivre. Sa fresque policière sent la justesse jusque dans le moindre sweet à capuche de son héros. Parvenir à décortiquer les liens invisibles qui unissent de vieux frères d'armes, élevés à la bière et aux règlements de comptes au milieu de crapules carnivores avec un regard si serein révèle d'un grand talent de conteur. Ses personnages crépusculaires, coincés entre un refus obsessionnel du changement et l'éternel dernier gros coup sont la principale réussite de The Town. Les accompagner jusqu'au bout est un beau privilège que nous accorde Affleck.
5- Wall Street 2, Money never sleeps
Le fascinant parcours d'Oliver Stone continue. Entre le bon et le moins bon. Wall Street 2 pouvait tomber dans la deuxième catégorie, cela n'aurait surpris personne. Une suite opportuniste à son classique des 80's en 2010, voilà comment la terre entière voyait le projet. Mais Stone est bien plus malin que ça. Wall Street 2 utilise l'argument de la Crise comme toile de fond, jamais comme moteur narratif. Voilà qui aurait relever de l'opportunisme et dans le cadre de son récit aurait été complètement contre productif. Ce qui l'intéresse, c'est les hommes qui font le système, et les tragédies qui s'écrivent entre eux. Gordon Gekko crie sa rédemption, passe pour un looser, fait profil bas, pour mieux carotter son prochain. Les jeunes (Labeouf et Brolin) se livrent une guerre dont il connaît l'issue avant même qu'elle ne se déclenche. Voilà la morale de l'histoire. L'argent ne dort jamais, les requins non plus.
4- Inception
Des apparences de thriller et de film d'espionnage pour une pure oeuvre de science fiction. Nolan continue son exploration de son thème favori, l'obsession. Cette vertigineuse plongée dans les abysses d'un esprit malade fonctionne sur tous les niveaux de lectures que nous offre Nolan. Du simple au centuple, Inception n'a pas finit de se faire décortiquer. C'est à ça que l'on reconnaît les films cultes et les grands classiques. Et que dire des acteurs, qui s'engagent tous avec passion derrière un metteur en scène au top de sa forme... .
3- Brooklyn Finest
La production Nu Image de l'année, cela devait être Expendables. Raté, Antoine Fuqua a raflé la mise avec son incroyable polar venu de nulle part. D'une noirceur extrême, l'histoire de Brooklyn Finest parle d'hommes arrivés au bout du chemin (le dernier plan!!). C'est le portrait de chacun qui est dessiné ici. Les ficelles sont millénaires, mais la magie et la foi de Fuqua font le reste et transcendent le film. Encore une fois, tout se joue sur les interprétations parfaites du quatuor de stars. Ils méritent tous un oscar. Il y a du Gray, du Friedkin et du Ellroy dans tout ça.
2- Toy Story 3
Ils sont petits, nous sommes grands. Ils sont immortels, nous vieillirons, inexorablement. Ils nous appartiennent, mais pas vraiment. Ont-ils une âme? Voilà, c'est ici que tout se termine, et que tout recommence. Comparable au départ d' E.T, la fin de Toy Story 3 n'a pas finie de nous faire pleurer, et Pixar de nous émerveiller. Vers l'infini et au-delà...
1- The Social Network
Entretien avec un vampire. La véritable prouesse d'un film qui aurait pu ne rester qu'un spectacle moderne sans recul, c'est son scénario. Aaron Sorkin a transformé l'histoire des créateurs de Facebook en ce qu'elle a toujours dû être, une tragédie. Le talent de Fincher, accroché à la ligne près au script, est de transposer tout ça avec une énergie et un calme incroyable. The Social Network parvient à dresser une liste de tout ce que traverse ces jeunes étudiants dressés pour contrôler le monde. De la luxure à la paresse, l'envie, la gourmandise, la colère, l'orgueil et l'avarice, les protagonistes de ce qui commence comme une mauvaise farce, cumulent tout. Et le principal piège est évité en beauté, car aucune trace de cynisme ne vient ponctuer le récit. Zuckerberg construit son monde en réaction, en opposition. Si Facebook est ce grand média indispensablement inutile, il le doit à la personnalité de son "créateur" dépeinte dans le film. Tout cela est finalement bien triste. La réussite engendre un mal irrévocable, la solitude.
Fincher n'est jamais aussi bon que lorsqu'il éteint toutes les lumières à la fin.
Pour ce qui est des déceptions, 2010 nous aura apporté son lot de catastrophes. Plus ou moins grave, c'est selon, mais de la merde, on en aura bouffé :
7- The Expendables
Scénario boiteux, réalisation hors sujet, manque d'entrain.... voilà pour le crève coeur de Stallone. Dommage.
6- Alice in Wonderland
Burton est cramé, et Disney l'a dépouillé de ce qui lui reste d'inventivité avec une 3D inutile et nauséabonde. Reste quelques jolis plans et un Johnny Depp de plus en plus insupportable.
5- Edge of Darkness
Le retour de Gibson en héros borderline attendra. Campbell ne fait rien de son histoire et n'offre que des miettes à un Mel dépassé par les événements.
4- A Single Man
Tom Ford réalisateur, c'est bien ce qu'on peut attendre d'un type qui vient de la haute couture. Beau mais vide. Les acteurs s'en sortent, mais ça tient plus de la pub pour parfum que d'un véritable long métrage. Ridicule, comme les derniers Wong Kar Wai.
3- The Lovely Bones
Le malaise provoqué par ce film est foudroyant. Peter Jackson et sa femme ont des goûts de chiotte. Jackson s'en remet toujours aux même ficelles pour essayer de nous faire chialer. Les ralentis, les violons, les gros plans de gens qui pleurent, les ralentis (et oui mais il en use tellement)... . The Lovely Bones se vautre dans le risible et affiche les limites de son metteur en scène. Jackson ne sera jamais Spielberg, tout simplement parce qu'il n'en a pas la finesse. Dégueulasse.
2- Machete
Bon là Rodriguez mérite le fouet. Dès que Quentin ne lui tient pas la chandelle, il part en couille. Réussir à faire un film à ce point chiant avec ce casting, c'est criminel. Il ne suffit pas de faire un clin d'oeil au spectateur pour que cela fonctionne. L'intention sans motivation, ça ne donne rien. Fatiguant.
La Horde
Inutile d'en rajouter. Ratage intégral et foutage de gueule absolu. Même pas digne d'un nanard. Uwe Boll a un meilleur sens du rythme, c'est dire. Une expérience inconfortable et putassière. Le pire du pire du pire.
Sonny