lundi 4 mai 2009

88 m/h

1961. Le sous-marin nucléaire russe K-19 s'apprête à appareiller pour la première fois. Il doit effectuer un tour en mer des Barents, procéder à un exercice de tir de missile balistique, naviguer jusqu'aux côtes américaines au large de Washington et rentrer en Russie. Le K-19 représente alors le fleuron de la marine de guerre soviétique, une arme de dissuasion et de frappe rapide. Les impérialistes américains doivent trembler devant la puissance de l'atome russe. Car le K-19 est le premier sous-marin de la flotte russe à être propulsé par le nucléaire et à pouvoir faire pleuvoir le feu de l'apocalypse sur ses ennemis. Fini dans la hâte, sa construction causa la mort de plusieurs ouvriers. Les dirigeants du Parti veulent frapper un grand coup. Le K-19 doit rapidement faire parler de lui. Pourtant, les hommes d'équipage l'appelleront "le faiseur de veuve". Lorsque la série d'exercices sera terminée, le circuit de refroidissement d' un des réacteurs cédera. S'il craque, le K-19 explosera, dans une cataclysme 10 fois supérieur à Hiroshima. Et emportera avec lui le destroyer américain qu'il la pris en chasse. Face à cette situation exceptionnelle, le Capitaine (Harrison Ford), son second (Liam Neeson) et l'équipage vivront un moment unique où le devoir et l'Amour de la Mère Patrie soviétique trouvera son véritable sens. Une vraie histoire d'hommes, un magnifique film réalisé par une femme.

Kathryn Bigelow n'est pas Jane Campion ni Diane Kurys, ça on le savait. Avant de réaliser K-19, on lui devait déjà les mouvementés Point Break et Strange Days, le polar inquiétant Blue Steel et le crépusculaire Near Dark (au frontière de l'aube). Tous films cultes. Une filmo à sortir avec James Cameron, ce qu'elle fera. Cameron produira même Strange Days. Bigelow a ses thèmes (courage et dépassement de soi, folie destructrice, sacrifice) et un univers visuel cohérent et typiquement hollywoodien. Son style rappelle inévitablement Cameron, mais aussi Spielberg pour les envolés et McTiernan pour la frénésie. McTiernan justement, l'homme à qui on est pas prêt de prendre le titre de "réalisateur du meilleur film de sous-marin de tous les temps". Bygelow s'approche du maître, et l'on peut voir dans leurs deux fiilms de nombreuses similitudes. Le paysage de la marine russe, avec ses codes de devoirs et de respect du peuple sont similaires. Mais Ramius veut fuir (et tout Octobre Rouge joue sur cet élément), alors que Vostrikov veut ramener tout le monde au bercail sain et sauf. Pourtant Le portrait des deux capitaines résonne à l'identique. Ils aiment leurs hommes, sont forts et déterminés. Harrison Ford (Vostrikov), pour une des seules fois de sa carrière est également producteur exécutif. Son interprétation géniale nous rappelle, que quand il veut, Ford est un acteur passioné et impliqué. Bygelow tire le meilleur de son jeu et pose en face de lui un second plus humaniste (le toujours top classe Liam Neeson). Leur face à face n'est pas caricatural et apporte cette dose de "que ferions nous à leur place" moins entendu que Hackman contre Washington dans le beaucoup plus cool Crimson Tide (attention, que j'adore! mais moins sérieux quand même).

Le film est aussi très spectaculaire, un aspect jamais ménagé par Bygelow. La chute sans parachute de Point Break, le plan séquence d'intro infernal de Strange Days, la scène du bar de Near Dark... . Bygelow sait donner du rythme en restant dans l'intensité dramatique de son sujet. Lorsque les hommes devront effectué une réparation de fortune les exposant aux radiations mortelles du réacteur, Bygelow ne cachera aucun détail de cette opération suicide, point d' orgue émotionnel et traumatisant d'un film déjà chargé en scènes rigoureuses. La plus belle étant cette partie de football jouée sur une banquise immaculée. Les jeunes matelots n'ayant pas encore conscience de la tragédie qui s'annonce.
Si le film de sous-marin est un genre à part entière, c'est parce qu'il renferme tous les ingrédients nécessaires du spectacle total. La tension, des styles de personnages vite identifiables, des enjeux forts. Et il n'y a pas de sortie.

Échec au box-office, K-19 est un film de brave, habité par une vision forte. Peut-être plus proche dans l'esprit de Das Boot que d' Octobre Rouge, la tragédie humaine étant l'ambition première, devant l'aspect divertissant. Le making-of dévoile la prise de tête géante qu'a été le tournage (avec un vrai sous marin!), où chaque détail historique et matériel est soigneusement travaillé. Ne passez pas à côté, même si vous n'êtes pas adeptes d'un bon Ivan le Fou entre le quart et moins le quart.





Sonny

3 commentaires:

darkdavor a dit…

Touché... coulé.

Mazz a dit…

C'est vrai qu'il faut vite remettre ce film par contre !
Et Kathryn elle fait quoi d'ailleurs en ce moment ?

THE HUNTER a dit…

il est bien ce film ?
non mais serieusement il est bien ce film ?

THE SEPTIK HUNTA