Mann of the year.

Personne n'a encore parlé du dernier film de Mike. Même si le blog n'est pas super actif ces temps-ci, ne passons pas sous silence l'ultime livraison du maître de la HD.

Public Enemies, c'est d'abord deux constats.

1 : Mann reste un formaliste génial, qui prouve après Le dernier des Mohicans que la reconstitution et le film historique ne l'effraient pas. Il opte pour la HD dans les années 30, et provoque une sensation jusque là inédite. Le spectateur n'a jamais vu les U.S.A de la (post) prohibition plongés dans cette lumière. Mann passe après De Palma (Les Incorruptibles) et Sam Mendes (Les Sentiers de la Perdition), deux excellents travailleurs de l'image, mais invente un nouveau langage, du moins poursuit ce qu'il a commencé il y a bientôt 30 ans. Je vais pas passer des heures là-dessus, vous savez tous ce que Mike est capable de faire, et sur ce film il fait tout.

2 : "je ne filme jamais un plan, même magnifique, s'il n'apporte rien à mon scénario". C'est ce qu'avouait Mann il y a peu lors de la promo du film. Il en a marre qu'on rabaisse son travail à la beauté des images. C'est également un génial raconteur, brassant des thèmes bien précis depuis le début de sa carrière. Mann gère ses récits subtilement, visant l'explosion émotionnelle finale, celle qui laisse au spectateur ce sentiment définitif sur le film. Le portrait de Dillinger semblait parfaitement coller à ses recherches. Mais non. Rendez-vous semi-manqué. Mann ne plonge jamais avec ses personnages, hormis dans les dernières 20 minutes du film, où l'on perçoit le souffle de la tragédie, où l'on comprend que Mann, sans rater son film, n'a pas enfoncé le clou comme dans Heat ou Miami Vice. Ici les personnages sont isolés dans des postures souvent simplistes (le bon copain, le taré, la belle poule, le flic intègre, le chef salaud...). Dur de creuser le sillon.

Tout cela est bien dommage. Tout est beau, classe, élégant. Depp est impeccable mais semble ronger un os, Bale est bon, mais son personnage de psychotique aurait dû nous arracher le mot "génial". Pour la première fois, je ne sors pas d'un film de Mike tout retourné, en me disant que finalement, y'a pas grand chose à dire... .

Attention, ça reste du bon. Le problème, c'est que Mann ne nous a pas habitué à être juste bon.

Sonny