mercredi 23 novembre 2011
J'irai drifter sur leur 3D
L'heure est grave. Et cette gravité multi-angles est en trois dimensions.
Qui a dit qu'on se la jouait intello ici ? (moi, une fois mais pour rigoler)
Qui peut prétendre qu'on se prend pour une élite de la pellicule dont le seul avis fait loi ? (Sonny, une fois aussi et je crois qu'il était très sérieux)
Qui croit un seul instant qu'on ne regarde "que de l'utile" comme disait l'autre ?
Personne, ou alors une poignée d'aliénés peut-être. Car à la Fan-Club, toute forme de médias est susceptible d'être -selon le cas de figure- soit passé à la moulinette, soit déifié, et le plus souvent sans objectivité.
En gros, cela signifie que malgré la somme considérable d'infos ainsi que la culture aussi vaste qu'éclectique que l'on peut vous offrir, ça n'empêchera jamais certains de s'engoncer dans leur délire en défendant l'indéfendable jusqu'à la mort (au hasard L'EPISODE 1) tandis que d'autres attendent le déluge pour regarder LE PARRAIN 3. Ca vous donne une idée du niveau de tourmente et de mauvaise foi que peuvent atteindre certains de nos débats.
Tout ça pour dire que ma complainte d'aujourd'hui est enfantée par le fait que le meilleur est sûrement derrière nous. Oui on se répète, on radote mais il faut que le monde entier prenne conscience que l'industrie du cinéma n'est actuellement plus capable de nous pondre ne serait-ce que des "bons films de merde".
Le film de merde. Il n'est pas forcément un nanard mais il peut être regardé en équipe ou en couple (mais jamais seul, trop risqué), d'un oeil distrait en grignotant des douceurs anti-diététiques. Inutile de nier, vous y avez tous succombé au moins une fois. Plaisir coupable ou erreur de programmation (ou télécommande trop loin sous le canapé), ce qui compte c'est de se marrer un bon coup.
Dernière tentative en date: Le Transporteur 3, projet mort dans l'oeuf après 20 minutes de souffrance. Un combat bien chorégraphié mais massacré par un montage ultra-cut plus tard et le visionnage s'arrête instantanément. Ils nous feraient presque détester Jason Statham ces ordures. 48H après, séance de midi dans le Sacro-Saint UGC Part-Dieu, temple ancestrale devenu depuis un lieu de perdition pour les âmes damnées du centre commercial.
Sujet du jour: SHARK NIGHT (en 3D bien sûr).
C'est une fois de plus la débandade, malgré la trique que me provoque ces animaux marins et mon penchant assez déviant pour les bonnes daubes. Juste deux ans après une surexploitation mercantile, la 3D est à présent le moteur même des films qui l'hébergent. C'est comme si elle était devenue une entité, une sorte de force impalpable dans laquelle sommeille un super producteur exécutif régissant tout le tournage. De ce fait, on a la désagréable impression que la majorité du métrage est conçu dans la seule optique d'y intégrer la 3D, évacuant ainsi toute notion de mise en scène. Le réalisateur n'est alors plus qu'un pantin, faisant une croix sur son intégrité artistique au profit de la technologie.
Le pire dans tout ça, c'est que des films comme les derniers DESTINATION FINALE ou encore ce SHARK 3D sont quelque part les plus aptes et les plus légitimes à proposer un spectacle sanglant moderne en 3D, renouant ainsi avec les grandes heures de l'horreur des années 80, pop-corn en main.
Seulement il n'en est rien. La suprématie numérique l'emportant sur les SFX traditionnels ET le scénario, ces soit-disant bandes horrifiques ont à terme crée le concept de "gore propre". En gros proposer de la tripaille frontalement tout en gardant ses distances. Certes cela offre une grande flexibilité au niveau de l'élaboration des effets de démembrements en tout genre et à ce compte là, le dernier DESTINATION FINALE est par moments assez saisissant. Malgré tout, la place vacante laissée par l'escamotage pur et simple de l'originalité et de l'ambition nous laisse face à une magnifique coquille vide en 3D.
Faussement cool, ce SHARK NIGHT l'est tout autant. Si un twist rigolo se dévoilant durant le 2ème acte nous hameçonne laborieusement pour nous garder en éveil jusqu'au générique, la vitesse avec lequel il est emballé laisse pantois. Du genre on balance LA seule idée originale du script et comme on est tout content de soi, on distribue vite fait le quota de plans en 3D des attaques de squales qu'on voit débouler vingt secondes à l'avance (plan large + vue subjective = requin surgissant). Précisons aussi que le tout surfe avec opportunisme sur la vague très tendance du "torture show".
Et lorsque l'un des protagonistes nous fait un cours de biologie accéléré sur les différents poissons du script, l'iconisation graphique de ces derniers n'a jamais vraiment lieu, alors qu'ils sont sensés être les vrais stars du casting. Après si on veut voir une histoire de requin dont la seule évocation fait froid dans le dos, on n'a qu'à se refaire un certain film de 1975.
Donc vous l'aurez compris, j'ai vraiment les glandes de n'avoir même pas pu me faire arracher un sourire de plaisir face à cette ineptie se complaisant dans son cynisme.
En fait les requins ne sont peut-être pas là où on les attend dans le film, mais un peu plus en amont du processus de pré-production, là où on calcule combien de dollars peut rapporter un tel produit.
Mazz
mardi 22 novembre 2011
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